Sandra Munch est photographe underwater à Strasbourg, en Alsace. Elle n’aime pas beaucoup parler d’elle, mais je peux vous dire qu’elle est avant tout maman de trois enfants de 16, 13 et 6 ans. Sandra est photographe depuis toujours , et porte une toute autre casquette bien moins connue de ses clients : elle pratique l’instruction en famille (IEF) avec sa petite dernière qui commence le CP. Être à son compte lui permet de cumuler ces deux activités très prenantes.
En tant que photographe aquatique, Sandra Munch a commencé en apprentissage, puis rejoint l’école photo de Gobelins, qui l’a conduite vers la photo publicitaire en tant que salariée. Après la publicité, elle s’installe à son compte et découvre la photographie sociale, en se spécialisant dans le portrait de nouveau-né dès 2011.
À présent formée pour pratiquer le portrait d’art aquatique, elle photographie sous l’eau des portraits de femmes, d’hommes et d’enfants, car elle avait besoin de donner un nouveau souffle à sa créativité.
Pourquoi t’es tu spécialisé dans la photographie aquatique, et comment as-tu commencé ?
J’ai commencé en 2021, en juin. J’avais découvert sur internet la photographie aquatique que je trouvais emprunte de poésie, les rendus semblaient pouvoir être très variés et créatifs, je suis tombée amoureuse de ces images et des possibilités qui me semblaient infinies…
J’avais dû rendre mon studio, je ressentais un manque de motivation dans ma pratique du portrait, et aussi, je trouvais peu de renouvellement dans le métier. J’ai cherché quelque chose de nouveau.
Combien de shooting as-tu déjà couvert ?
Pour l’instant, j’ai une quinzaine de shootings au compteur, sans compter mes essais avec mes propres enfants, qui participent volontiers à mes tests !
Quel matériel photo utilises-tu sous l’eau ?
J’utilise mon reflex (Canon 5dmk3, et maintenant le R6), monté d’un 16-35mm f2,8, et une housse souple Outex avec un dôme en verre.
Où puises-tu ton inspiration ?
Mon inspiration vient de photographes aquatiques telles que Sarah Lee, Elisabeth Blank dont j’aime beaucoup les photos d’enfants, et de la peinture aussi.
As-tu déjà reçu une récompense pour ton travail, et penses-tu concourir pour en obtenir une ?
non pas du tout, je ne postule jamais.
Réponds-tu à toutes les demandes, ou tu sélectionnes les futurs clients en cohérence avec ton travail ?
Non je sélectionne pas, je réponds à toutes les demandes dans la mesure de mes possibilités, c’est un challenge, et puis, j’ai une formation de photographe publicitaire, travailler avec un cahier des charges… Je pense que cette habitude influe beaucoup sur mon choix.
Comment trouves-tu tes clients, tu fais du marketing, ou as- tu de la chance ?
J’ai eu de la chance en 2011 de commencer en Alsace la photo de nouveau-né qui a plu assez rapidement. J’ai donc des clients qui me connaissent parfois depuis longtemps, et sur qui je peux compter pour mon évolution artistique et pour le bouche à oreille. Question marketing je me sens assez nulle. Je viens de commencer mon compte Instagram, je ne suis pas un exemple à suivre dans ce domaine !!
Comment prépares-tu ton shooting sous l’eau, et quels conseils ou directives leur donnes-tu pour réussir ta session ?
Je prépare un shooting aquatique par un rendez-vous en vrai dans la mesure du possible. Rencontrer mes modèles est une condition indispensable surtout en aquatique. il faut être en confiance le jour J, avoir préparé les tenues, etc.
J’évalue l’aisance de chacun sous l’eau, je donne quelques conseils pour pouvoir respirer, comment rester sous l’eau, ou pratiquer de courtes apnées. Le jour de la séance, on va au rythme de chacun, et je veille à faire des petites pauses régulières car on se fatigue vite, et on a tendance à ne pas assez respirer profondément lorsqu’on est pris dans la séance.
Tu te considères plus comme photographe aquatique, ou une artiste ?
Je ne me pose pas cette question à vrai dire. Je sais par contre que j’ai besoin de créativité, en cela je pense avoir une âme d’artiste, avec ses qualités et ses défauts.
Dirais-tu que chaque session sous l’eau est différente, et si oui, sous quelle forme ?
Oui bien sûr, car chacun ne vit pas l’immersion de la même façon, il faut s’adapter à chacun ! pour l’adaptation, j’ai un très bon entraînement avec la photo de nouveau-né… La patience, la relation à l’autre, la bienveillance sont la base de la relation entre le modèle et le photographe aquatique. Il s’agit d’une rencontre avant tout, de cette rencontre vont se construire les images qui je le souhaite seront le produit d’une sorte d’alchimie, et de souvenirs uniques.
Quels sont tes poses et moments préférés pour tes portraits sous l’eau ?
Lorsque mon modèle lâche prise, et que je sens que nous sommes en connexion. Par exemple, une petite fille qui n’osait pas mettre la tête sous l’eau et qui presque sans s’en rendre compte, commence à faire des sauts, des cabrioles et à m’emmener dans son histoire sous l’eau.
C’est peut-être le résultat de quelques paroles d’encouragement, de défi, parfois je ne sais pas vraiment ce qui a permis d’en arriver au résultat. J’aime vraiment que ces images soient une construction à deux !
Pour les adultes c’est un peu la même chose, on essaie petit à petit sans insistance particulière, oui parfois c’est un challenge personnel.
Quels sont pour toi, les moments clé dans la session sous l’eau ?
Je ne sais pas, tous je dirai. Le plus important peut-être est la découverte des images par le modèle… J’aimerais vraiment être dans leurs pensées pour savoir ce qu’ils ressentent !
Avec l’expérience, tu as acquis une signature qui t’est propre, comment as-tu travaillé et trouvé ton style, et quelle approche lui donnes-tu ?
Mon style est toujours en construction. En fait, je n’aime pas trop me cantonner à un style, j’aime essayer de nouvelles approches ou des traitements. Je suis surprise lorsque l’on me dit que mon style est reconnaissable, vraiment c’est chouette, mais je n’en ai pas conscience. En tout cas, je ne le travaille pas ! J’aime les belles couleurs, plutôt saturées, la douceur, voilà je fais en fonction de mes aspirations, qui parfois peuvent varier.
Penses-tu que la photo underwater a évolué ces dernières années, et de quelle manière ?
Les premières images underwater que j’ai découvertes datent de mes études, il y avait déjà en publicité des photos avec des décors sous l’eau qui étaient incroyables, qui me fascinaient et me semblaient vraiment hors de ma portée !
Ce qui a changé, c’est sans doute l’accessibilité. J’ai l’impression que le matériel a évolué tout simplement. Je parle d’une époque pas si lointaine où l’on travaillait en argentique. Aujourd’hui tout est plus facile pour le photographe aquatique, je trouve.
En tant que photographe aquatique, as-tu un ou plusieurs axes à améliorer dans ton travail ?
Oui bien sûr, j’ai toujours envie de m’améliorer, de découvrir d’autres techniques. Mais aujourd’hui, j’essaie d’approfondir d’abord ma pratique, au lieu de partir dans tous les sens. J’explore, voilà c’est le bon terme je pense !! Mais de même que parfois j’aime sortir avec un seul objectif pour pousser la créativité jusqu’au bout, là ça fait 1 an que je travaille en aquatique, donc j’ai encore à apprendre et à explorer avec ce que j’ai.
La lumière est importante en photographie, comment gères-tu l’éclairage sous l’eau ?
Justement, pour l’instant c’est uniquement en lumière du jour. J’ai acheté une lampe continue aquatique assez puissante que je vais tester bientôt. Pour l’instant la luminosité est présente, mais il est vrai qu’en hiver en Alsace… il y a des jours bien sombres ! Alors sous l’eau, j’essaie de gérer la montée en ISO. J’ai une piscine partenaire assez lumineuse qui me permet quand même de travailler dans ces conditions, il faut choisir la bonne heure !
T’arrive-t-il de réaliser une session sous l’eau avec un second photographe ou un assistant, et si oui, comment travaillez-vous ensemble ?
Oui je travaille avec une collègue, pour assurer l’assistance, la sécurité mutuelle de nos séances. Nous louons une piscine ensemble pour diminuer les coûts etc… Pour commencer c’était important d’explorer à deux et de se soutenir. Et puis nous n’avons pas tout à fait le même style photographique, c’est intéressant.
Quelle est la chose la plus folle que tu aimerais réaliser sous l’eau ?
Photographier en mer ou en milieu naturel.
Quel est, d’après toi, le secret d’une belle photo sous l’eau ?
La lumière, je pense comme toute bonne photographie. Ensuite c’est l’alchimie !
Ta pratique de la photo aquatique est-elle régulière ou saisonnière ? Proposes-tu d’autres prestations ?
Oui je propose toujours des séances en famille, des portraits. Mais en ce moment, mon cœur m’attire vers l’eau, et j’ai envie d’amener mes clients avec moi !
Appliques-tu le même style, la même manière de travailler pour tes autres missions photographiques ?
Oui, ma démarche est la même: la rencontre préalable surtout pour les sessions nouveau-né. Je vois beaucoup de similitudes. Le style final aussi je trouve que je traite finalement mes images de manière similaire.
Peux-tu expliquer ces similitudes avec tes autres thèmes photographiques ?
En fait, la relation avec l’autre ne change pas selon le milieu, donc je crois que forcément, mon approche humaine reste la même. Quand il y a 10 ans il s’agissait d’expliquer à mes clients que j’allais photographier pendant 3 heures leur bébé de 6 jours, endormi, tout nu, le positionner de telle ou telle façon, ce qui aujourd’hui semble banal, c’était déjà un challenge.
Le résultat était à la hauteur de cette nouvelle façon de travailler. La confiance était au cœur de la séance, il fallait accompagner les parents, les rassurer, et ça s’est fait naturellement. Pour moi c’est le même défi aujourd’hui sous l’eau !
Et puis pourquoi, et bien j’aime l’eau, c’est fascinant, c’est beau, la lumière du soleil à travers l’eau le soir est magique !
Merci Sandra d’avoir pris le temps de te présenter à mes lecteurs, de partager ta passion et répondre à toutes mes questions. J’ai la chance de te côtoyer pour d’autres missions, et c’est un vrai plaisir.
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