Je vous explique dans cet article à quoi sert un filtre gradué, ses avantages et inconvénients, et comment l’utiliser. Pour ce test, je me suis procuré le filtre GND8 SJ51 de K&F Concept.
J’utilise beaucoup les filtres à densité neutre lors de mes voyages. Ils me permettent de varier l’intensité lumineuse lors de mes prises de vue, mais aussi de faire des pauses plus longues afin d’obtenir des effets de flou sur l’eau ou les nuages malgré l’usage d’une grande ouverture ou une lumière extérieure intense.
Beaucoup de mes confrères utilisent quant à eux un filtre gradué gris neutre, ou GND (Graduated Neutral Density) pour diminuer la lumière graduellement d’un point à l’autre de la photo. Par exemple pour réduire l’exposition d’un ciel tout en gardant une exposition normale du reste du paysage.


Afin de me convaincre de l’utilité d’un tel filtre, rien de mieux que d’essayer soi-même. Après tout, il faut toujours rester ouvert à d’autres techniques, cela permet de continuer à apprendre, progresser et surtout de ne pas se reposer sur ce qu’on est habitué à faire.
Pour beaucoup de photographes, le filtre gradué serait le filtre indispensable pour réussir ses photos de paysage. Je pars donc faire ce test du filtre GND8 SJ51 de Kentfaith dans l’arrière pays Cannois, sur le plateau de Caussol.

Fantastique terrain de jeux pour le test du filtre gradué K&F SJ51.
Présentation du filtre GND8 SJ51
C’est quoi un filtre gradué ?
Un filtre GND, si vous débutez en photo, est un filtre gris neutre dont seule une partie est opaque, et comme son nom l’indique, de manière dégradée. Ce qui permet de ne pas obtenir une coupe franche d’exposition sur sa photo.
La partie la plus sombre du filtre sert généralement à sous-exposer le ciel, ce qui est utile pour la photo de paysage lorsque le ciel est trop lumineux. La partie transparente laisse l’exposition normale sur le reste de votre composition.



Pourquoi utiliser un filtre gradué
En photo de paysage, vous avez généralement un ciel plus lumineux que le sol ou la montagne, qui eux seront plus sombres. Avec le filtre gradué, vous allez pouvoir sous-exposer le ciel, tout en gardant une bonne exposition sur le reste de votre composition.
L’avantage du filtre GND8 SJ51 est sa forme rectangulaire. Lorsque vous le glissez dans le porte-filtre (vendu séparément), vous pouvez placer la zone graduée à l’endroit souhaité. Utile si votre ciel prend une partie plus ou moins grande dans l’image finale.
Vous pouvez aussi utiliser la partie opaque sur l’eau d’un lac pour limiter les reflets, ou réduire l’intensité du soleil lors d’une prise de vue en contre-jour. Notez que placé dans son porte-filtre, celui-ci peut être tourné dans tous les sens. Pratique lorsque la lumière la plus intense n’est pas face à vous.

Bien sûr, plus vous recouvrirez le cadre de la zone sombre du filtre, plus vous assombrissez votre image.
Conception du filtre GND8 SJ51 de K&F Concept
Comme toujours, la qualité du produit ne diffère par des autres filtres que j’ai pu tester chez cette marque. La boite est en carton rigide et s’ouvre comme un coffret.
À l’intérieur on y trouve :
1 – Un livret qui possède une version française avec plein d’indications qui permettront aux débutants de comprendre l’utilisation d’un filtre gradué et son impact sur l’exposition.
2 – Une pochette de transport en PVC, épaisse et de belle qualité. Le couvercle est aimanté et une languette permet de sortir le filtre sans avoir besoin de poser les doigts sur le filtre. Ingénieux et efficace.
3 – Le filtre gradué GND8 SJ51 est lui aussi épais, il ne semble pas fragile et on ose le manipuler sans trop de précaution. Bon ok, ça reste du verre, donc faites attention ! La partie graduée est tout de suite visible, et il est facile de l’adapter dans son porte-filtre, qui je le rappelle, est vendu séparément.
Jusque-là tout va bien. C’est certes plus encombrant qu’un filtre ND à visser sur son optique, mais l’usage est différent. Il faudra donc prendre l’habitude de le ranger dans sa pochette après chaque utilisation.




Test terrain du filtre GND8 SJ51
J’ai effectué le test avec le filtre en début de journée, au mois d’octobre, dans l’arrière-pays Grassois. Pour information il fait à peine 5 degrés, mais le soleil brille et ne devrait pas tarder à réchauffer l’atmosphère. Le ciel en cette période n’est pas pollué, et encore moins à cet endroit particulièrement puis qu’il fait partie des plus beaux endroits de France pour observer les étoiles.
Les limites d’un filtre gradué
On ne va pas se le cacher, les capteurs des appareils photo numérique sont de plus en plus performants, et dans de très nombreuses situations, l’écart de luminosité que vous obtiendrez sur une même photo avec ou sans filtre est souvent peu importante. Si comme moi vous préférez prendre vos photos en matinée ou en fin de journée, le filtre gris neutre peut s’avérer inutile.
Là où il a toute sa place, c’est lorsque votre appareil n’arrive plus à gérer l’exposition de manière significative : ce sera le cas en contre-jour par exemple, ou pour réduire les reflets sur l’eau et le verre. Le filtre va donc vous aider à équilibrer les différentes expositions sur votre photo.
Testé également, le filtre s’avère utile lorsque la scène comporte de la brume ou un léger voile de pollution. Comme vous pouvez le constater avec les trois photos ci-dessous :
Sans filtre, avec le filtre sur toute la photo, puis les deux images fusionnées dans Adobe Lightroom ©





Quel filtre dégradé GND choisir ?
Votre choix doit se porter sur différents critères :
- Le type de photo (et horaires habituels)
- La densité du filtre
- Sa taille
En fait, tout est lié. J’entends par là que selon ce que vous photographiez et l’heure de vos prises de vue, l’intensité du filtre gradué devra être plus ou moins importante. Pour ma part j’ai pris le GDN8, mais c’est sans doute un mauvais choix, car mal adapté aux horaires auxquels je prends mes photos.
Concernant la taille, il faudra l’adapter selon l’appareil photo que vous utilisez. Certaines marques proposent des filtres GDN de taille 70 x 80 ou 70 x 100, qui sont adaptés aux compacts experts et appareils hybrides.
Si vous possédez un appareil reflex, je vous conseille de prendre une taille plus courante, 100 x 150, que j’ai également utilisée sur mon hybride Fuji pour effectuer mon test.
Enfin, si pour vos photos de paysage vous utilisez un objectif grand angle et ultra grand angle, il vous faudra opter pour des filtres et portes-filtres adaptés aux grandes focales, soit 150 x 170.
Le cas échéant vous risquez fort de vous retrouver avec un fort vignettage sur vos images.

Graduation et densité du filtre GND
Il existe différents types de filtres gradués : soft, medium, hard et reverse. La différence réside sur la transition entre la partie opaque est la partie la plus claire de votre filtre.
- Soft : la transition est progressive : passe-partout pour le paysage, coucher de soleil, cascade…
- Hard : la transition est plus franche, le top pour un coucher de soleil en mer par exemple.
- Medium : entre le soft et le hard, oui vous avez deviné !
- Reverse : pour les lever et couchers de soleil, avec une frange net et sombre au centre du filtre.
La densité permet d’assombrir plus ou moins fort l’exposition du ciel. Elle fait référence aux stops, c’est-à-dire l’écart entre deux valeurs d’exposition. Ce qui revient à multiplier ou à diviser par deux la quantité de lumière arrivant sur le capteur.
Voici un petit tableau pour comprendre ces valeurs :
Valeur du filtre GND | Densité | Equivalence en stop |
---|---|---|
GND 2 | 0.3 | 1 |
GND 3 | 0.45 | 1.5 |
GND 4 | 0.6 | 2 |
GND 6 | 0.75 | 2.5 |
GND 8 | 0.9 | 3 |
GND 16 | 1.2 | 4 |
GND 32 | 1.5 | 5 |
Conclusion
Habitué à l’usage du bracketing en photo de paysage, je ne suis pas encore convaincu de l’utilité d’un filtre gradué pour mon usage personnel ou professionnel. Cependant le filtre permet de gagner du temps, et de récupérer des détails sur des paysages sur-exposées. Les photographes qui cherchent avant tout à obtenir une bonne photo rapidement ou sans passer par des retouches, seront très satisfaits du filtre.
L’efficacité du filtre s’est surtout faite lorsque j’approchais de l’heure du déjeuner. Il faut dire qu’en cette saison, la lumière reste douce. En plein soleil, il faut bien admettre que le filtre coupe bien l’exposition du ciel tout en gardant une lumière neutre sur le reste du plan.
Les reflets sur l’eau sont aussi bien estompés, j’ai pu le constater. C’était moins flagrant sur les scènes où mon appareil gérait parfaitement les faibles écarts d’exposition. Enfin, il faut noter que le filtre coupe la lumière, les fichiers sortent donc du boîtier un peu plus ternes qu’habituellement. Il faudra alors compenser avec des réglages adaptés depuis votre boîtier, ou les retoucher.
Remarque : Afin de garder une totale liberté d’écriture et un avis impartial, j’achète ou me procure gratuitement les accessoires photo. Seuls les liens vers les boutiques sont affiliés pour me permettre de financer ces tests.
